Un chat, un bébé

C'est notre premier bébé. La nouveauté dans la maison qu'on a couvée. Elle est arrivée quand on avait du temps, qu'on vivait d'amour et d'eau fraîche. On passait nos journées à observer une famille de merles élever ses petits oisillons, des abeilles coloniser la glycine. Elle tenait dans ma main, avait la tête carrée, la crinière et les griffes acérées d'une lionne.

Quand notre deuxième bébé est arrivé. On a eu moins de temps, pas assez d'yeux pour elle.
Une petite caresse tous les 29 février, jamais assez d'eau dans sa carafe.

Elle s'est intéressée de loin à cette nouvelle vie dans la maison, en gardant ses distances, un peu affolée par le caractère trop spontané (comprendre les cris) du bébé.
J'aime la regarder aujourd'hui faire son chemin autour de nous, de notre vie de parents d'un enfant de 2 ans.

Gabrielle lance des éclats de rire quand elle l'aperçoit. Elle arrive à la porter dans ses bras. Ce que déplore la principale intéressée. Il lui arrive d'ailleurs de la griffer sans gravité. Mais la simple menace d'une patte agressive brise le coeur de Gabrielle qui ne comprend rien à ce comportement si dénué d'amour.

Elle a développé ses petits rituels.
Au moment du coucher, je la vois soudainement débarquer dans la chambre de Gabrielle. Elle gagne sa vigie sur le rebord de la fenêtre et elle attend. Ou plutôt elle écoute. Les innombrables histoires que Gabrielle raconte avant le coucher. Quand la lumière s'éteint, elle se joue de moi, pour ne pas se faire mettre dehors. C'est qu'elle aime beaucoup Gabrielle. Quand elle dort.

En soirée, quand je suis enfin installée et que je ne bouge plus. Elle vient prendre sa ration de caresses et de mots doux. Elle a le ronron discret mais présent. Difficile de dire qui fait du bien à l'autre à cette heure-là de la journée.